Un écrivain c’est quelqu’un qui écrit.
Elle n’est pas forcément célèbre, elle ne rencontrera peut être jamais le succès, mais elle écrit, elle tisse avec les mots des histoires, elle peint des plaines désolées, des champs de batailles, y plante des personnages, choisit leur noms, les traits de leurs visages et les confronte à des dilemmes sortis tout droit de son imagination. Elle emporte le lecteur dans un ailleurs de sa composition. Et l’illusion est si forte qu’on en oublie la marionnettiste, l’architecte des rêves éveillées. De nombreux auteurs resteront à jamais dans l’ombre, d’autres un peu plus chanceux, – Kafka, Dickinson, Keats, connaîtrons la gloire après leur mort.
On aime glorifier le talent au détriment de l’effort. On célèbre les succès immédiats sans se rendre compte des heures de travail, des moments de découragement et de doute qui ponctuent la route ardue de l’écriture en cours. Ecrire, éditer, réécrire, de longues heures de labeur qui n’aboutiront peut être jamais à un résultat satisfaisant. Au fond d’un tiroir, un manuscrit inconnu dort depuis toujours. Il ne verra jamais l’étagère d’une bibliothèque ou l’étal d’un libraire, il ne sentira jamais les mains d’un lecteur feuilleter ses pages et extraire du regard le sens des mots écrits par une autre.
Un écrivain c’est quelqu’un qui écrit.
Ce n’est pas forcément quelqu’un qui publie ou quelqu’un de célèbre.
Ce n’est pas forcément quelqu’un qui manie si bien les mots qu’ils s’effacent au profit de l’histoire qu’ils racontent.
C’est juste quelqu’un qui écrit.